Sunday, August 16, 2009

L’endettement, première cause de suicide chez les travailleurs indiens du Golfe

1/8/2008 à 15h02 par Tony Rajkumar

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De nombreux Indiens qui émigrent dans les pays du Golfe dans l’espoir de subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs familles se retrouvent enfermés dans une spirale d’endettement. Désespérés, des dizaines d’entre eux choisissent de mettre fin à leurs jours.

Près d'1,5 millions d'Indiens travaillent aux Emirats Arabes Unis Le rêve de l'Eldorado se mue souvent en une réalité cauchemardesque pour les Indiens expatriés dans le Golfe. Aux Emirats Arabes Unis, 79 ressortissants indiens se sont donné la mort depuis le début de l'année, selon les chiffres du consulat d'Inde à Dubaï, publiés ce mois-ci. Le nombre de suicides chez les Indiens habitant aux Emirats Arabes Unis n'a cessé de grimper depuis cinq ans : de 40 en 2003 il est passé à 118 l'année dernière. Dans 75% des cas, ces actes sont motivés par des dettes insurmontables. "L'endettement est quelque chose de très courant chez les travailleurs indiens à bas et moyens revenus aux Emirats. Bon nombre d'entre eux ne peuvent même pas payer les intérêts sur leurs emprunts", affirme KV Shamsudheen, président de la Pravasi Bandhu Welfare Trust, une association de soutien aux Indiens du Golfe.

Les Emirats accueillent la majorité des Indiens de la région. Plus d'1,5 millions d'entre eux y travaillent, pour la plupart dans les rangs des ouvriers du bâtiment, un secteur en plein essor dans le pays. Leurs conditions de travail sont souvent déplorables : "Ils sont exploités, leurs logements ne sont pas adéquats, les salaires restent dérisoires et sont rarement payés à temps", explique KV Shamsudheen. Et si le droit du travail existe, dans le pays, les ouvriers indiens ignorent souvent les démarches à entreprendre, ce qui provoque parfois des tensions. Le 10 juillet dernier, 3000 ouvriers, majoritairement des Indiens, se sont ainsi rebellés, pour protester contre leurs conditions de vie, sur un chantier de Dubaï, brûlant des voitures et passant à tabac leurs supérieurs.

Les Indiens s'expatrient généralement dans l'espoir d'un meilleur revenu, dont une grande partie est renvoyé à leurs familles, restées sur le sous-continent. Sans ressources financières ni gages matériels avant leur départ, ils n'ont par conséquent pas accès aux banques. Ils sont donc obligés de recourir à des prêteurs individuels, des "agents de recrutements peu scrupuleux", selon KV Shamsudheen, qui servent d'intermédiaire aux entreprises basées dans le Golfe. Promettant monts et merveilles, ces derniers exigent en contrepartie des intérêts exorbitants, allant de 70% à 120% pour financer le visa et le billet d'avion de l'intéressé.

Pris à la gorge avant même de s'être envolés pour le Golfe, les travailleurs indiens entrent alors dans un cercle vicieux d'endettement, prenant des prêts sur des cartes de crédits afin de rembourser celui contracté auprès de leurs "agents". Au final, ils doivent à nouveau recourir à des agents individuels afin de payer le tout. "J'ai rencontré plusieurs ouvriers qui avaient six, sept cartes de crédit et continuaient à emprunter pour s'en sortir !", affirme KV Shamsudheen.

Cette situation est aggravée par leurs proches, qui ont tendance à considérer, à tort, qu'expatriation est synonyme de réussite. "Dès lors que quelqu'un devient un Non Resident Indian (un Indien résidant à l'étranger, ndlr), sa famille ne pose pas de questions et dépense sans compter", déplore KV Shamsudheen, qui organise des séminaires à travers le Golfe pour sensibiliser les travailleurs Indiens à l'épargne et à "l'investissement systématique". Selon lui, seules 2% des familles indiennes épargnent la «remise » des expatriés.

L'augmentation du coût de la vie dans les pays du Golfe, en particulier aux Emirats Arabes Unis, et l'inflation qui frappe l'Inde ces derniers temps n'arrangent pas les choses. Les ouvriers expatriés ont moins d'argent à envoyer à leurs familles qui en réclament plus. L'Inde commence, notamment grâce à la Pravasi Bandhu Welfare Trust, à prendre conscience de la détresse de ses citoyens expatriés dans le Golfe. Il est grand temps...

Comments:

kerpal a écrit le 1/8/2008 à 23h06 :

Human exploitation has unfortunately no limits and no frontiers. The problem lies mainly with corrupted recruiting agents and their associates (police, border patrol, employers, ...) on all sides . Good you highlighted the work done by the Trust and keep your excellent reporting on such matters to raise your readership awareness. Would be interesting if you get the views from both the exploiters and the exploitees.

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